Le qi gong est essentiellement présenté comme une pratique de santé, qui va stimuler et renforcer la vitalité des organes et divers tissus du corps.
Mais il faut se méfier du langage utilisé par la tradition chinoise. S’il a une apparence simple et accessible, c’est en fait un langage cryptique qui cache une réalité complexe, très vaste et très riche, mais dont l’accès est difficile. Le champ de réalité que nous associons communément à un mot est très différent de ce qu’il recouvre pour la tradition chinoise et beaucoup plus réducteur. Par exemple, le mot « rein » évoque dans notre pensée l’organe qui permet notamment la filtration des liquides du corps, alors qu’il regroupe pour la tradition chinoise un champ de fonctionnalités très vaste, tant sur le plan physiologique, qu’émotionnel et spirituel.
Dans la tradition chinoise, la santé n’est pas considérée comme l’absence de symptômes (à l’instar de la pensée occidentale) mais comme la capacité qu’a un individu à s’adapter aux changements continuels de la vie. Une capacité d’adaptation, d’échanges et de transformation, donc une capacité à être perpétuellement en mouvement, dans un mouvement de récréation permanente. Il y a pathologie ou dysfonctionnement lorsque le mouvement n’est plus possible, lorsque quelque chose se fixe.
La pensée chinoise est organisée autour de cette idée de récréation permanente, représentée par la symbolique de l’Homme entre Ciel et Terre : l’Homme (comme tout le plan de la manifestation) résulte du mariage du Ciel et de la Terre, deux forces fondamentales issues du Tao, la Source initiale. L’Homme se recrée à chaque instant sous l’égide de ce mariage sans cesse renouvelé du Ciel et de la Terre, l’axe Ciel-Terre étant comme la colonne centrale de la vie manifestée. Pour cette raison, il est dit que toute pathologie résulte d’un dysfonctionnement du lien avec le Ciel-Terre. A l’inverse, rechercher la santé du corps va consister à rétablir ou soigner le lien avec le Ciel-Terre.
Mais dit de cette façon, cela reste très abstrait ! Concrètement dans le corps, le Ciel-Terre s’exprime par la respiration. Pas seulement la respiration aérienne des poumons et les échanges gazeux avec le sang, mais la respiration énergétique de tous les tissus, à tous les niveaux du corps. Chaque organe, chaque muscle, chaque, tissu, chaque cellule, chaque point d’acupuncture… a son propre mouvement de vie qui peut s’assimiler à une forme de respiration. Chaque zone du corps est essentiellement un espace vide et qui respire, comme l’expression du Ciel-Terre dans la matière.
Œuvrer à la santé est ainsi œuvrer à ce que les espaces intérieurs soient ouverts et respirent, sous l’égide et comme l’expression du Ciel-Terre.