La retraite estivale de Qi Gong et Méditation s’est achevée le 26 août. Nous étions un groupe de 25, accueillis par la communauté de l’Arche dans les magnifiques bâtiments de l’abbaye de St Antoine, en Isère.
La retraite a eu lieu durant la semaine la plus chaude de l’été, avec des températures approchant les 40°. Dans la philosophie taoïste, nous apprenons à nous adapter à ce qui est, à créer des chemins en nous pour continuer à pratiquer ou à œuvrer, en y incluant les conditions qui nous sont imposées, par la force des choses. Pas toujours facile, n’est-ce pas ? Nous allons observer cela sous l’éclairage de l’alchimie taoïste et tenter de faire la part des choses entre nos habitudes et nos croyances d’un côté, et nos possibilités souvent inexplorées de l’autre.
Nous avons commencé la pratique plus tôt que d’habitude, à 6h30, juste après le lever du jour. Très belle ambiance à cette heure-là dans le cloître silencieux, tapissé d’une herbe portant encore la fraîcheur de la nuit. Dans la journée, nous avons cherché des endroits plus frais à l’abri des gros murs, et la pause de l’après-midi a été rallongée pour reprendre quand le feu du soleil avait un peu diminué… Juste des mesures de bon sens.
Mais nous avons aussi expérimenté un principe essentiel, sur lequel il est bon de s’arrêter un moment : la capacité d’adaptation de notre corps provient essentiellement de la mobilité de l’énergie au sein de celui-ci. Lorsque l’énergie stagne, endormie comme dans un marécage, ou bloquée, comme prise dans de la glace ou du béton, ou encore immobilisée par un excès de pression interne, lorsque l’énergie interne stagne, toute adaptation devient difficile.
Nous étions soumis à de très fortes chaleurs qui, au premier abord, suffoquaient nombre d’entre nous. Le premier réflexe (pas celui de la sagesse du corps mais celui de nos habitudes, de notre éducation, de notre société…) est de se terrer, de faire le moins de mouvements possible. La chaleur extérieure nous suffoque, nous nous sentons comme terrassé.e, nous recherchons notre salut dans la fraîcheur et la plus grande immobilité possible. Notre dieu salvateur est le ventilateur sous lequel nous nous mettons !
Il est parfois impossible de faire autrement, selon notre état énergétique, lui-même issu de divers facteurs dont notre sensibilité à la chaleur, notre état de santé, notre âge, etc.
Mais la pratique nous a invité à découvrir une possibilité toute autre : lorsque nous mobilisons l’énergie interne, défaisons (même un peu, et surtout délicatement) les stagnations et les diverses cristallisations, nous faisons l’expérience concrète que la chaleur extérieure, toujours aussi forte, nous agresse beaucoup moins, que nous redevenons capable de mouvements et d’actions, que cette impression de suffocation et d’atterrement diminue considérablement.
Effectivement, lorsque notre énergie interne est en mouvement, l’interaction avec le milieu environnant devient fluide. Il n’y a plus le bloc de la chaleur contre le bloc de mon corps tentant de se protéger, de s’isoler. Dès que l’énergie circule un peu mieux, mon corps peut dialoguer et interagir avec le milieu extérieur. Il se sent à nouveau vivant, pourtant la chaleur est toujours là.
Un point central de l’alchimie taoïste est la cultivation (bon ce n’est pas français cultivation, mais c’est le mieux que j’ai trouvé : cela parle de cette action consciente de cultiver, que le mot culture ne traduit pas vraiment) de ce feu intérieur, de cette énergie yang, nécessaire, indispensable au mouvement, à la transformation, la circulation, l’échange, la contention de l’énergie interne. Cette même énergie yang qui empêche ou dissout/mobilise les stagnations, cristallisations, fuites d’énergie… Ultimement, c’est cette énergie qui nous met en harmonie avec l’univers, nous permet de nous laisser transformer par lui, sans rien accrocher, sans rien conserver de ce qui n’est pas utile à cette harmonie.
Ce feu intérieur est associé à l’énergie de cet animal mythique qu’est le dragon, au tonnerre, à cette puissance de transformation. Si l’on retrouve la cultivation de ce feu dans de nombreuses formes de qi gong, la forme du Dragon de Feu que nous avons pratiquée la met en valeur de façon directe, même si nous ne l’avons pas encore vraiment intégrée.
Bien sûr, nous avons aussi beaucoup pratiqué des exercices et intentions de relâchement, détente, ouverture d’espaces internes et autres étirements de fil de soie. Toutes choses qui ont à voir avec le yin. Car pas de yang sans yin : il faut généralement parler non pas de yin et de yang, mais de yin-yang, c’est-à-dire non pas de deux polarités mais du dialogue, de la relation entre ces deux polarités. C’est ce dialogue, cette interaction qui fait le vivant en toute chose.
Donnons un exemple simple : si j’amène de la pression d’eau dans mon tuyau d’arrosage qui a un nœud au milieu, au mieux l’eau n’arrive pas au bout de mon tuyau (et repart à l’envers, créant un contre-courant), au pire le tuyau se déchire sous l’effet de la pression… rien de bon ! Dans le corps, si j’amène sans précaution (et surtout sans attention, sans ressenti) une sollicitation trop forte, soit le système se replie sur lui-même (et il ne se passe rien), soit il s’endommage.
Ainsi, cette cultivation du feu interne pour la transformation est une alchimie délicate du yin-yang, sujet qui pourra être développé ultérieurement. Le plus important ici est de noter que par l’expérience concrète dans notre corps, nous avons pu percevoir l’effet très positif du feu interne qui, étant un tant soit peu mobilisé, permet une adaptation toute autre à la chaleur. Cela peut aussi s’appliquer à la sensation de fatigue : si, nous sentant fatigué.e, nous pratiquons pour cultiver le feu interne, nous faisons généralement l’expérience que notre état de fatigue diminue considérablement, voire disparaît.
Mais n’oubliez pas ! Vérifiez par vous-même, par votre propre pratique, si ce que je dis est vrai pour vous.
La retraite a eu lieu durant la semaine la plus chaude de l’été, avec des températures approchant les 40°. Dans la philosophie taoïste, nous apprenons à nous adapter à ce qui est, à créer des chemins en nous pour continuer à pratiquer ou à œuvrer, en y incluant les conditions qui nous sont imposées, par la force des choses. Pas toujours facile, n’est-ce pas ? Nous allons observer cela sous l’éclairage de l’alchimie taoïste et tenter de faire la part des choses entre nos habitudes et nos croyances d’un côté, et nos possibilités souvent inexplorées de l’autre.
Nous avons commencé la pratique plus tôt que d’habitude, à 6h30, juste après le lever du jour. Très belle ambiance à cette heure-là dans le cloître silencieux, tapissé d’une herbe portant encore la fraîcheur de la nuit. Dans la journée, nous avons cherché des endroits plus frais à l’abri des gros murs, et la pause de l’après-midi a été rallongée pour reprendre quand le feu du soleil avait un peu diminué… Juste des mesures de bon sens.
Mais nous avons aussi expérimenté un principe essentiel, sur lequel il est bon de s’arrêter un moment : la capacité d’adaptation de notre corps provient essentiellement de la mobilité de l’énergie au sein de celui-ci. Lorsque l’énergie stagne, endormie comme dans un marécage, ou bloquée, comme prise dans de la glace ou du béton, ou encore immobilisée par un excès de pression interne, lorsque l’énergie interne stagne, toute adaptation devient difficile.
Nous étions soumis à de très fortes chaleurs qui, au premier abord, suffoquaient nombre d’entre nous. Le premier réflexe (pas celui de la sagesse du corps mais celui de nos habitudes, de notre éducation, de notre société…) est de se terrer, de faire le moins de mouvements possible. La chaleur extérieure nous suffoque, nous nous sentons comme terrassé.e, nous recherchons notre salut dans la fraîcheur et la plus grande immobilité possible. Notre dieu salvateur est le ventilateur sous lequel nous nous mettons !
Il est parfois impossible de faire autrement, selon notre état énergétique, lui-même issu de divers facteurs dont notre sensibilité à la chaleur, notre état de santé, notre âge, etc.
Mais la pratique nous a invité à découvrir une possibilité toute autre : lorsque nous mobilisons l’énergie interne, défaisons (même un peu, et surtout délicatement) les stagnations et les diverses cristallisations, nous faisons l’expérience concrète que la chaleur extérieure, toujours aussi forte, nous agresse beaucoup moins, que nous redevenons capable de mouvements et d’actions, que cette impression de suffocation et d’atterrement diminue considérablement.
Effectivement, lorsque notre énergie interne est en mouvement, l’interaction avec le milieu environnant devient fluide. Il n’y a plus le bloc de la chaleur contre le bloc de mon corps tentant de se protéger, de s’isoler. Dès que l’énergie circule un peu mieux, mon corps peut dialoguer et interagir avec le milieu extérieur. Il se sent à nouveau vivant, pourtant la chaleur est toujours là.
Un point central de l’alchimie taoïste est la cultivation (bon ce n’est pas français cultivation, mais c’est le mieux que j’ai trouvé : cela parle de cette action consciente de cultiver, que le mot culture ne traduit pas vraiment) de ce feu intérieur, de cette énergie yang, nécessaire, indispensable au mouvement, à la transformation, la circulation, l’échange, la contention de l’énergie interne. Cette même énergie yang qui empêche ou dissout/mobilise les stagnations, cristallisations, fuites d’énergie… Ultimement, c’est cette énergie qui nous met en harmonie avec l’univers, nous permet de nous laisser transformer par lui, sans rien accrocher, sans rien conserver de ce qui n’est pas utile à cette harmonie.
Ce feu intérieur est associé à l’énergie de cet animal mythique qu’est le dragon, au tonnerre, à cette puissance de transformation. Si l’on retrouve la cultivation de ce feu dans de nombreuses formes de qi gong, la forme du Dragon de Feu que nous avons pratiquée la met en valeur de façon directe, même si nous ne l’avons pas encore vraiment intégrée.
Bien sûr, nous avons aussi beaucoup pratiqué des exercices et intentions de relâchement, détente, ouverture d’espaces internes et autres étirements de fil de soie. Toutes choses qui ont à voir avec le yin. Car pas de yang sans yin : il faut généralement parler non pas de yin et de yang, mais de yin-yang, c’est-à-dire non pas de deux polarités mais du dialogue, de la relation entre ces deux polarités. C’est ce dialogue, cette interaction qui fait le vivant en toute chose.
Donnons un exemple simple : si j’amène de la pression d’eau dans mon tuyau d’arrosage qui a un nœud au milieu, au mieux l’eau n’arrive pas au bout de mon tuyau (et repart à l’envers, créant un contre-courant), au pire le tuyau se déchire sous l’effet de la pression… rien de bon ! Dans le corps, si j’amène sans précaution (et surtout sans attention, sans ressenti) une sollicitation trop forte, soit le système se replie sur lui-même (et il ne se passe rien), soit il s’endommage.
Ainsi, cette cultivation du feu interne pour la transformation est une alchimie délicate du yin-yang, sujet qui pourra être développé ultérieurement. Le plus important ici est de noter que par l’expérience concrète dans notre corps, nous avons pu percevoir l’effet très positif du feu interne qui, étant un tant soit peu mobilisé, permet une adaptation toute autre à la chaleur. Cela peut aussi s’appliquer à la sensation de fatigue : si, nous sentant fatigué.e, nous pratiquons pour cultiver le feu interne, nous faisons généralement l’expérience que notre état de fatigue diminue considérablement, voire disparaît.
Mais n’oubliez pas ! Vérifiez par vous-même, par votre propre pratique, si ce que je dis est vrai pour vous.